PRIX ALGERIANISTE 2012

Le jury du Prix littéraire algérianiste réuni à Narbonne le mardi 2 octobre 2012 a attribué

Le Prix algérianiste « Jean Pomier » 2012 A Guillaume ZELLER
Pour son livre : « Oran- 5 juillet 1962- un massacre oublié »
Edition : Tallandier

Le Prix histoire et critique littéraire algérianiste 2012: au professeur Wolf ALBES
pour : « Les écrivains pieds-noirs face à la guerre d’Algérie »
Edition Atlantis

 
 
     
 
 
 

Oran 5 juillet 1962


Oran 5 juillet 1962


Genre : Mémoires et témoignages / Essais historiques
ISBN : 978-2-84734-899-6
Année de parution : 08-03-2012
Nombre de pages : 272p
Prix : 17,9€


Présentation :

Le 5 juillet 1962, l’Algérie devient officiellement indépendante. Ce jour-là, à Oran, un massacre, expéditif, fulgurant même, a lieu. Pendant plusieurs heures, des Européens sont pourchassés à travers la ville par des soldats algériens et des civils en armes. Les forces de l’ordre françaises, fortes de 18 000 hommes, restent consignées dans leurs casernes, obéissant aux ordres du général Katz. Assassinats et enlèvements : près de 700 Européens sont victimes des tueurs. Les morts musulmans, victimes d’une épuration aussi sauvage que hâtive, n’ont jamais été décomptés avec rigueur.
S’appuyant sur une somme considérable de documents et de témoignages, Guillaume Zeller remet en perspective ce drame oublié qui permet de comprendre ce que fut la guerre d’Algérie dans sa complexité.
Journaliste, Guillaume ZELLER est directeur de la rédaction de Direct 8. Il fut notamment chargé d’enquêtes au service historique de l’Armée de Terre.


Préface de Philippe LABRO.


Écrivain, journaliste et cinéaste, il est l’auteur d’un roman autobiographique sur la fi n de la guerre d’Algérie : Des feux mal éteints (Gallimard, 1967 ; « Folio », 1980).
« C’est un texte saisissant, à plus d’un titre. L’attitude si indifférente du général Katz ; les phrases glaçantes des pouvoirs publics en métropole et, en particulier, du général de Gaulle ; la passivité de la majorité des militaires français ; un sentiment général de honte et de douleur… Un massacre n’en efface pas un autre. Oran et ses atrocités ne sont pas exonérés par Alger et ses disparus. Tout doit être dit – même si cela prend cinquante ans. Le silence demeure une faute impardonnable. »
Philippe Labro


   
   
 
         

Par Maurice Faivre

Petit-fils d’un général connu, l’auteur a servi en 1996 aux archives orales du Service historique où il s’est initié à la recherche de sources bibliographiques et de témoins éminents. Il se réfère en particulier à Monneret, Jordi, Paya, Faivre , Ducos-Ader, Herly, Jeanneney.


 
 

Il rappelle d’abord l’origine d’Oran la radieuse, après les implantations phéniciennes et romaine. Fondée en 903 par des marins musulmans aux ordres des califes de Cordoue, elle recueille l’émigration de juifs espagnols, jusqu’à ce qu’en 1509 Isabelle la catholique ne prenne la ville. Occupée en janvier 1831 par le colonel de Damrémont, la ville connaît un développement prodigieux, passant de 2 750 à 433 000 habitants (dont 220 000 musulmans) en 1950 ; c’est alors un mélange d’ethnies qui pratiquent le vivre ensemble comme l’a montré J.-P. Lledo.

Troublée en 1949 par le hold-up de la poste, la ville n’est pas un des points forts de la rébellion, jusqu’aux exactions exercées par Boussouf, chef de la wilaya 5 agissant du Maroc ; le 14° RCP, les harkis, les autodéfenses et les unités territoriales préservent la ville de la violence ; Oran participe au sursaut du 13 mai, puis bénéficie des succès du plan Challe sous la direction du général Gambiez ; les katibas d’Oranie sont éliminées, et le colonel Lotfi est tué en mars 1960.

Le changement de la politique gaulliste provoque la révolte des ultras, à Mostaganem puis à Oran en mars 1961. Des militants de l’OAS très actifs mettent la ville en état de siège, sous la direction nominale du général Jouhaud, concurrencé à l’occasion par Gardy et Argoud. Le général de Pouilly refuse de participer au putsch. La volonté de Jouhaud d’éviter les ratonnades n’est pas respectée. 1.100 attentats par explosifs, 109 attaques, des voitures piégées et des tirs au mortier font 137 morts dont 32 des forces de l’ordre. Prenant le commandement du Corps d’armée après l’assassinat du général Ginestet, le général Katz engage les gendarmes mobiles contre la population ; il collabore avec Si Bakhti, représentant le FLN, qui riposte en faisant enlever des Européens (74 disparus d’avril à juin 1962). La violence redouble après le cessez-le-feu, les citernes BP sont incendiées. Enfin le colonel Dufour impose la fin des combats le 26 juin, et le retrait des commandos. Une cérémonie de réconciliation réunit Si Bakhti, l’évêque Lacaste et de nombreux notables le 30 juin.
Guillaume Zeller décrit dans le détail la chasse à l’homme qui se déroule le 5 juillet à partir de 11h15. Des coups de feu non localisés entraînent des meurtres en masse ; raflés dans leurs appartements, des dizaines d’hommes et de femmes sont emmenés au « petit lac » et lynchés par la populace ; certains sont vidés de leur sang dans des cliniques improvisées. Quelques musulmans sauvent la vie de leurs connaissances.

L’auteur énonce plusieurs hypothèses explicatives : - une opération montée par une bande de délinquants (Mouedenne Attou) - une manoeuvre du camp Boumediene-Ben Bella visant à déstabiliser le GPRA – un phénomène d’hystérie collective.

L’inertie du légaliste Katz, qui dispose de 6 000 gendarmes et policiers, et 18 000 militaires, est incompréhensible, il consigne les troupes et attend 14h20 pour faire intervenir les gendarmes mobiles. Certains officiers ont sauvé l’honneur, comme les capitaines Kheliff et Croguenec. Mais il n’y a pas eu d’assistance à personnes en danger de mort. Le bilan reste lourd et difficile à préciser, allant de 365 à 679 morts sans sépulture, selon les auteurs.
Ce remarquable travail d’historien met en évidence les carences de l’administration, qui a demandé des enquêtes sans user de rétorsion, et n’a pas mis en place les outils juridiques nécessaires pour apaiser le deuil des familles.

Préface de Philippe Labro, éditions Tallandier, 2012, 224 pages, 16,90€.

 
   
 

Wolf Albes - Les écrivains pieds-noirs face à la guerre d’Algérie (1954-1962).


Les écrivains pieds-noirs face à la guerre d’Algérie (1954-1962).
Albert Camus ● Jean Brune ● Roger Curel ● Robert Merle ● Janine Montupet ● Marcel Moussy ● Jean Pélégri ● Emmanuel Roblès ● André Rosfelder ● Jules Roy


Préface de Maurice Calmein.

Le 1er novembre 1954, la guerre d’Algérie commence par une série d’attentats. L’armée française riposte violemment au terrorisme du Front de libération nationale (F.L.N.) envers ses confrères musulmans et la population pied-noir.

En dépit de ses promesses et du succès militaire du « Plan Challe » en 1959 et 1960, Charles de Gaulle finit par abandonner l’Algérie. Le F.L.N. ne respectera pas les accords d’Evian : il enlèvera et tuera des milliers de Pieds-Noirs. Il ne leur reste plus que l’exode. Le destin des Harkis et des autres supplétifs musulmans est pire encore : plus de 100.000 d’entre eux seront massacrés par les « vainqueurs ».
La réaction des écrivains pieds-noirs face à la guerre d’Algérie a été loin d’être unanime. Dans leurs œuvres écrites entre 1955 et 1962, ils ont – selon leur tendance politique – pris différentes positions par rapport à ce conflit existentiel.
ISBN 978-3-932711-19-0
404 pages


Préface de Maurice Calmein


Wolf Albes est un cas... Voilà un citoyen allemand qui aurait pu vivre paisiblement dans sa Bavière natale, en goûter le riche patrimoine culturel, ses cent mille monuments, ses mille musées, ses quarante scènes de théâtre et d'opéra, et satisfaire son goût pour la littérature dans les œuvres de ses compatriotes Brecht (né, comme lui, à Augsbourg) et Bren­tano ou du voisin Goethe.
Eh bien, non ! Parce que, dans les années 1980, Wolf a été contaminé par le virus pied-noir. Et il s'est pris de passion pour ce peuple à l'épopée héroïque, tourmenté par une guerre civile cruelle à l'issue pathétique, déraciné dans un exode sans précédent et dispersé dans l'exil.
Plus qu'aucun d'entre nous, il s'est plongé dans les œuvres de nos grands écrivains, anciens et modernes, jusqu'à éprouver le besoin d'aller se rendre compte sur place et par lui-même, en Algérie, pour percevoir les sensations, paysages, odeurs et scènes de la vie qui avaient inspiré ces auteurs et sentir les effluves encore tièdes des drames qui déchirèrent le pays et ses habitants.
Sachant que Wolf Albes est docteur en littérature, on pouvait s'attendre à ce que l'ouvrage qu'il nous offre aujourd'hui fut une étude sérieuse, étayée par de solides références et j'avoue que lorsqu'il m'a annoncé qu'il allait traduire et publier sa thèse de doctorat, j'ai craint de me trouver confronté à un travail académique, froid et ennuyeux.
Mais c'était sous-estimer Wolf car si ce livre constitue un travail universitaire inégalé et de grande qualité, le mérite de son auteur est ailleurs et il est double. D'abord par le choix d'un sujet, Les écrivains pieds-noirs et la guerre d'Algérie, auquel bien peu de gens, en France, ont eu l'honnêteté de s'intéresser tant l'histoire et la culture des Pieds-Noirs demeurent un sujet tabou ou un simple objet de dérision, de caricature ou de mépris. Ensuite, parce que Wolf a parfaitement compris l'âme pied-noir et la nature profonde des relations qui unissaient les Européens et les autochtones d'Algérie, et ceux-ci avec les « Français de France ».
J'ai d'abord pensé que le fait qu'il ne soit pas français lui avait donné cette objectivité. Cela ne suffit pas car le rouleau compresseur de l'idéologie politiquement correcte n'est pas une spécialité exclusivement française. Il écrase aussi nos voisins européens.
Mais surtout, la façon dont Wolf a su explorer tous les recoins de cette âme pied-noir, ses valeurs, ses qualités et ses défauts, même les moins perceptibles, dénote une rare capacité « d'intelligence de l'autre ». Je crois pouvoir dire qu'il connaît les Pieds-Noirs mieux que beaucoup d'entre eux se connaissent eux-mêmes.
Sans que cela n'enlève rien à la justesse de l'analyse de l'œuvre des grands écrivains français d'Algérie qui nous est présentée au fil de ces pages, c'est aussi une étude sociologique pleine d'enseignements qui nous est offerte ici.
Cependant, à mon sens, la plus grande richesse de ce livre est encore ailleurs. Elle tient tout simplement à la passion qui a gagné Wolf lorsque, après avoir fréquenté ces auteurs et repéré leurs différences de sentiments et d'opinions, sa propre sensibilité lui a fait découvrir le cœur des hommes d'Algérie. Certes, la porte de ce secret lui a été en grande partie ouverte par deux immenses maîtres de notre littérature : Albert Camus et Jean Brune, pour lesquels on sent qu'il a acquis beaucoup de tendresse, au point qu'il ne peut s'empêcher de les rapprocher, de les comparer à maintes reprises, comme s'il eût aimé que les deux ne fassent qu'un. Et quand il évoque les autres auteurs, il en revient toujours à eux, particulièrement à Camus, peut-être plus rassembleur pour les égarés, la référence absolue, le chef de file.
Mais encore fallait-il que le jeune universitaire franchisse cette porte à deux « battants » et sache observer, comprendre tous les visages de ce Panthéon de la culture algérianiste. Et il a si bien su le faire qu'il a fini par choisir de rester vivre avec eux, de devenir non plus un observateur mais leur disciple.
Pris de passion pour Brune, ce grand écrivain si injustement oublié, sans doute à cause de son engagement clair et fort pour l'Algérie française, Wolf Albes a entrepris de rééditer toute son œuvre pour lui rendre justice et le faire connaître au plus grand nombre.
Il s'est senti si proche de ces écrivains, et à travers eux de leur peuple, qu'il a aussi épousé leur cause en partageant désormais, par l'édition et l'écriture, leur combat pour la sauvegarde de leur culture, pour l'honneur de la justice rendue.
Un jour, au cours d'une conversation avec lui, j'ai eu la preuve de sa « naturalisation » car, en parlant des Pieds-Noirs, il employa tout naturellement le « nous » !
Emporté par l'œuvre de nos grands écrivains, Wolf Albes a désormais une double nationalité : allemande et algérianiste et j'imagine, là-haut, le sourire de Camus et Brune, un verre d'anisette à la main, trinquant au bon tour qu'ils lui ont joué !
Maurice Calmein

 
Cette liste de livres et publications n'est évidemment pas exhaustive et est en perpétuelle évolution. Malgré nos soins, il est possible qu'une des adresses ne soit plus valide, signalez le nous ainsi que les livres qui vous semblent digne d'intérêt.
Merci d'avance